Très chers amis!
Je ne sais comment s'est déroulée votre fin d'été, pour les amis de l'hémisphère nord et votre fin d'hiver pour les amis de l'hémisphère sud. La mienne a été passablement occupée! Comme vous devez vous en douter, ma vie loin de mon amoureux se résume à un nombre considérable d'heures passées sur l'ordinateur et cela en majeure partie à m'occuper de son interminable marche!
Comme mon équipement informatique se faisait vieux et qu'une mise à niveau se révélait coûteuse, j'ai décidé d'acheter un équipement nouveau... et quelle nouveauté!!! Imaginez-vous que j'ai migré du PC sous Windows à Apple iMac!
De prime abord, je suis tombé en amour avec le design du Mac, mais après nombre de recherches sur Internet et essais sur les articles en montre d'une boutique près de chez moi, j'ai décidé de faire le grand saut. Le transfert de fichiers s'est fait sans heurts, mais je dois m'habituer avec un environnement vraiment différent. Enfin, après un grand nombre d'heures passées à lire et à tester, je crois être fonctionnelle en ce qui concerne les travaux de la Wwwalk.
Revenons maintenant aux nouvelles de notre marcheur.
Le 1er août, il m'écrit d'Astara : « Ça y est! Je suis en Iran! C'est la frontière où les formalités ont été les moins longues. De l'autre coté, tu peux imaginer le décor : rues bondées de gens et de voitures, enseignes en alphabet perse ou farsi, les bazars, les marchands ambulants remplis à craquer de marchandises de toutes sortes, femmes voilées, etc. »
Il fait chaud... le mercure frôle les 40 °C et après avoir marché le littoral de la Mer Caspienne, notre marcheur monte sur le haut plateau, plus frais, qui le conduira vers Ispahan. Il s'aperçoit qu'il n'y a aucun problème de sécurité dans ce pays et que les Iraniens sont vraiment très gentils. « Sous le drapé d'apparence sombre, c'est un peuple très coloré », écrit-il.
Les communications ne sont pas faciles, les cybercafés assez rares ou bien les réseaux sont très lents. Le 7 août, il arrive à Rasht où il doit faire réparer ses sandales qu'il porte depuis la fin de la Géorgie, les chaussures que je lui avais achetées à Istanbul ayant plus de 2000 km d'usure! Il lui faudra se ménager une séance de magasinage à Téhéran!
Il célèbre son 52e anniversaire de naissance et le 7e anniversaire de sa marche à Saveh et le lendemain, il m'écrit : « Je pensais passer ce jour seul et à dormir dans le désert. Finalement, j'ai passé la soirée de mon anniversaire en compagnie de cadres dans un camp de la construction routière. Nous avons trinqué au jus d'orange! Ce fut une excellente fête!!! »
Jean remercie sincèrement tous les amis qui lui ont fait parvenir leurs bons vœux pour son anniversaire... il en est très touché! De nouveau, le groupe de marcheurs de Buenos Aires lui envoie une photo souvenir.
De Saveh, il se rend en bus à Téhéran où il rend visite à ses compatriotes de l'ambassade du Canada et avec l'aide desquels il planifie une nouvelle route en Iran de manière à éviter la région orientale du Baloutchistan et ceci pour des raisons de sécurité. Il traversera donc le pays vers le Sud, vers le port de Bandar Abbas où il prendra un bateau qui le conduira à Doubaï.
Durant son séjour à Téhéran, il achète quelques vêtements, des chaussures, fait réparer son appareil photo qui avait subi un accident. Je lui répète ma requête de me procurer un tapis volant s'il en trouve un dans les bazars. Je rêve de posséder un tel moyen de transport depuis ma tendre enfance!!!
De l'Ambassade, attentif à la cause de la paix pour les enfants, on lui organise un programme de rencontres avec des gens de l'UNESCO, du « Centre de Ressources Hamyaram Iran » où M. Baquer Namazi lui fait part d'un projet auquel il rêve, basé sur le concept « Enfants Zone de Paix ». Jean est profondément consterné lorsque M. Namazi l'informe des quelque 600 000 enfants réfugiés affectés par les conflits au Moyen-Orient. Ces enfants proviennent des pays voisins tels l'Iraq et l'Afghanistan. Par la suite, il rencontre des gens du « Haut Commissariat pour les réfugiés » de l'ONU où il est fait mention des efforts pour le rapatriement et la réinsertion de ces milliers de familles réfugiées. Il est aussi invité par une famille iranienne dont une parente habite Montréal.
De retour à Saveh le 28 août, Jean reprend la route vers des villes aux noms évocateurs de l'ancienne culture perse : Ispahan, Persépolis, Chiraz... Il se promet de s'accorder une petite pause pour visiter quelques sites archéologiques. À Meymeh, une centaine de km avant Ispahan, il rencontre Farzad Shahabeddin qui est enchanté par la wwwalk et qui le reçoit bien chaleureusement.
Une fois arrivé à Ispahan, il y rencontre Poli, un Madrilène que nous avons connu tous les deux lors de nos vacances en Espagne durant l'hiver 2005-2006. Poli est un grand voyageur et les deux partagent une soirée à parler des endroits qu'ils ont visités. Je continue à prétendre que le monde est petit!!!
Jean s'attarde quelques jours à Abadeh pour aller consulter un dentiste pour une petite douleur à une dent. Il m'écrit : « Les Iraniens sont tellement gentils que je ne peux m'empêcher de les aimer. Ils sont très cools et présentent une attitude à la vie qui est bien semblable à la nôtre. Leur encadrement politique et social est différent du nôtre, mais leur cœur est pareil! »
Le 25 septembre, il visite le site archéologique de Pasargad où il peut contempler le monument qu'on dit être la tombe de Cyrus le Grand et suite à sa visite, il m'écrit : « Lorsque je suis sorti du site, je me suis senti envahi d'un grand bonheur! Comme je suis privilégié d'avoir parcouru jusqu'à maintenant une partie de l'histoire humaine. De l'empire américain, je suis allé vers les Totonaques, les Aztèques, les Mayas, les Incas. Puis, en Afrique, le Rift Valley préhistorique, l'Abyssinie, l'Égypte des Pharaons et des Romains. En Europe, ce fut l'histoire des Romains et des Grecs, celle de la Chrétienté, puis les empires outremer portugais, espagnol, français et anglais suivis de l'Allemagne et son histoire. Puis, je suis descendu vers l'empire ottoman et maintenant la Perse!!! Imagine ce qui m'attend encore vers le Levant!»
Quelques jours plus tard, il s'accorde le temps d'une longue visite de Persépolis où il est de nouveau ému de fouler le sol de l'ancienne capitale perse et ne peut s'empêcher quelques réflexions profondes sur notre humanité, ses origines, son futur...
À Chiraz, après l'obtention d'une deuxième extension de son visa iranien, il réalise que le temps des visites a assez duré et qu'il doit maintenant se hâter pour sortir du pays à temps. Il ne quitte cependant pas cette superbe ville, qu'on prétend la plus belle de l'Iran, sans avoir rencontré un groupe d'étudiants de l'Université de Technologie. Les étudiants, fascinés par la wwwalk, le pressent de questions de tout genre.
À Fasa, il est reçu par un groupe d'amis qui lui prodiguent une attention de tous moments! Après Darab qu'il atteint le 13 octobre, je n'ai plus de nouvelles pendant une semaine. D'après les cartes, on voit que les villes sont moins nombreuses et moins importantes. Les services d'Internet sont par conséquent presque inexistants... même qu'à Kankhom, il se rend en taxi à Hajjlabad pour voir s'il a reçu des messages importants.
Encore 6 jours sans nouvelles et enfin un courriel de Bandar Abbas le 26 octobre! Et le 29, il me téléphone depuis les bureaux de l'Office de Tourisme de la province de Hormozgan.
« La renommée d'hospitalité qu'on attribue aux Iraniens n'est pas surfaite! C'est l'un des peuples les plus accueillants que j'ai rencontré. Les gens de l'Office de Tourisme ont été formidables avec moi. Ils m'ont offert mon billet pour le traversier qui m'amènera à Doubaï demain et ce soir j'ai été invité à une Fête en l'honneur de ma traversée de leur pays. J'ai été comblé dans ce pays! »
À la prochaine...
Luce