Très chers amis!
La longue marche en Asie débute en Turquie le long de la côte de la Mer Noire. Bien sûr il fallait d'abord sortir de la gigantesque cité qu'est Istanbul... Le paysage est à couper le souffle, mais malgré tout, Jean ne se sent pas en pleine forme... il doit passer à travers une certaine mélancolie... chose qui se produit chaque année après nos vacances ensemble... Il sait bien qu'il doit s'écouler encore un an avant une nouvelle rencontre.
De plus, le terrain est très montagneux et il doit pousser son chariot pour monter les côtes et le retenir lors des descentes. Ce manège est amusant durant quelques heures, mais devient exténuant après quelques semaines...
Heureusement, la Turquie est un pays assez développé au niveau de la technologie et les cyber cafés abondent et sont très bien équipés. Nous communiquons par courriel presque tous les jours et je sens bien que son enthousiasme n'est pas à son plus haut niveau.
Déjà avant mon départ pour Istanbul, une chaîne de télévision turque (IZTV) m'avait jointe pour s'enquérir de la possibilité de produire un documentaire sur la marche de Jean. Ils ont filmé pendant que j'étais avec Jean à Istanbul, puis, après mon départ, ils ont filmé encore un bout à Istanbul, mais surtout, ce sont eux qui ont obtenu les permissions nécessaires auprès des autorités pour traverser le grand pont du Bosphore à pied. Saviez-vous que ces 2 grands ponts sont interdits aux piétons à cause du nombre élevé de personnes suicidaires qui tentaient de faire le plongeon dans le Bosphore créant ainsi des blocages extraordinaires du trafic des véhicules. La circulation automobile est déjà quelque chose d'ahurissant à Istanbul, même en temps normal!!!
La troisième étape de filmage du documentaire a pris place à Zonguldak, les 20-21-22 avril et immédiatement après, Jean a pris un autobus pour Ankara où le vice-consul et 2e secrétaire de l'ambassade canadienne lui avait préparé un rendez-vous avec M. Karim de l'ambassade du Turkménistan. Les démarches nécessaires ont été enclenchées et les résultats devaient parvenir à Jean par courriel le long de sa route. Son rêve : la route de l'Inde en passant par le Turkménistan, l'Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Afghanistan, le Pakistan...
Pendant mon séjour à Istanbul avec mon marcheur, nous avons travaillé ensemble sur le trajet que Jean se proposait de suivre en Asie et nous étions en contact étroit avec le vice-consul canadien qui s'est révélé une aide considérable au sujet des visas nécessaires pour les pays qui sont à l'est de la Turquie. La Géorgie et l'Azerbaïdjan ne semblaient pas présenter trop de problèmes, mais à partir du Turkménistan, l'obtention de visa semblait un peu plus complexe. Et cela était un irritant pour Jean qui devrait penser à une route de rechange si les documents étaient impossibles à acquérir.
Ainsi, la route continue en Turquie, agrémentée de paysages merveilleux, mais toujours de montées et descentes pénibles pour le marcheur... Quand il s'en plaint aux Turcs qu'il rencontre, on lui dit que la route devient plus plate un peu plus loin...
Cependant, malgré le terrain accidenté, les Turcs sont bien chaleureux avec lui. Il reçoit maintes invitations, mais il ne peut s'attarder parce qu'il voudrait bien entrer en Géorgie avant que son visa pour la Turquie n'expire...
De Yakakent, il m'écrit : « Tout va bien! Enfin du terrain plat! Je pensais que ça n'arriverait jamais! » Et juste avant Samsun : « Ici sur la cote de la Mer Noire, c'est vraiment sécuritaire. Zéro de délinquance... Je peux dormir dans ma tente sur la plage, tranquille comme nulle part ailleurs! »
Le 15 mai, malgré tous les efforts déployés par M. Karim, Jean s'est vu octroyer un visa de 5 jours seulement, ce qui ne lui donnait aucunement le temps de traverser le Turkménistan. Ainsi, une révision du trajet projeté s'impose donc... et la seule route possible est l'Iran, sinon Jean devra prendre l'avion pour Delhi... c'est ce que je lui avais suggéré lors de mon séjour à Istanbul! « Prends l'avion à Baku, lui avais-je lancé à la blague, ainsi, tu seras plus tôt de retour à la maison! »
À Giresun, un ami professeur lui fait visiter une école primaire promouvant ainsi sa marche auprès des élèves.
Durant la soirée du 1er juin, Jean quitte la Turquie pour entrer en Géorgie. Il dort à la frontière, reçu par le maire du village de Sarpi. Il m'écrit : « On a mangé et trinqué plusieurs fois à la vodka à toutes les bonnes causes qui pouvaient nous arriver en tête, avec après le mal de tête. »
Les Georgiens sont heureux de le recevoir et la nouvelle de sa présence dans le pays se répand rapidement. Juste avant Zestaphoni, les services de police le rencontrent et lui annoncent qu'ils vont l'accompagner durant quelques jours! Il paraitrait qu'il passerait dans une ou deux zones qui pourraient être à risque.
Les cybercafés sont presque inexistants et les communications se font rares. Le 17 juin, à Tbilissi, la capitale de la Géorgie, la marche de Jean est l'objet d'une entrevue télévisée qui semble être vue par tous les résidents de la ville puisqu'après, pratiquement tous les gens qu'il rencontre le saluent joyeusement!
Le lendemain, il se rend à l'ambassade de l'Iran et remplit tous les formulaires pour l'obtention du visa. Le délai sera de trois semaines avant d'obtenir une réponse, mais on lui dit qu'il sera possible, si la réponse est positive, de s'approprier ledit visa à Baku, la capitale de l'Azerbaïdjan.
Le 20 juin, il recueille son visa pour l'Azerbaïdjan et il quitte Tbilissi le 22 juin en bonne compagnie de Jumber Lezhava qui marche avec lui jusqu'à la sortie de la ville. Jumber est un fameux cyclo-trotteur qui a parcouru plus de 220 pays en vélo. Il traverse en Azerbaïdjan le 30 juin, tôt le matin. Encore dans ce pays, Internet est rare et très lent. Cependant, il écrit : « Ce peuple est fantastique avec moi, il est parmi ceux qui m'ont aidé le plus à ce jour, c'est agréable de traverser ce pays. »
Il entre à Baku le 14 juillet et il est reçu par une famille qui en prend grand soin! Dès le lundi, 16 juillet, il se rend à l'ambassade iranienne et apprend qu'un visa lui a été accordé pour entrer en Iran, mais comme c'est l'heure de la fermeture des bureaux, on l'invite à venir en prendre possession le lendemain. Jean est tellement excité qu'il oublie complètement de s'informer de la durée de ce visa...
Durant les 3 dernières semaines, son esprit a oscillé entre des espoirs fous et des appréhensions un peu amères... il est connu que les visas iraniens sont issus avec parcimonie... et pourtant, ce pays l'attire. Son histoire est remplie de merveilles!
Le 17, il est fou de joie quand on lui octroie un visa d'un mois en Iran! Cela lui donne le temps de se rendre à Téhéran où il pourra demander une extension sans problème, semble-t-il.
Il reprend la route dès le lendemain et il semble que le voyage de Baku à la frontière iranienne prend une éternité! Les gens sont toujours aussi gentils et généreux. Ils sont aussi très curieux et il doit s'arrêter souvent pour répondre à leurs questions.
Il traverse la frontière iranienne le matin du 1er août et comme il y a quelques 550km jusqu'à Téhéran, il estime arriver dans la capitale autour du 18 août et y célébrer son 52e anniversaire de naissance et le 7e anniversaire de sa très longue marche!!!
À la prochaine...
Luce