Très chers amis!
Vous avez entièrement raison de penser que ces nouvelles sur la mission de Jean se font beaucoup trop rares! Du moins, c'est ce que je conclurais si j'étais à votre place! Pour ma part, c'est tout à fait le contraire... le temps court si vite qu'il me semble que je suis constamment à réfléchir sur ce que je dois écrire dans ma prochaine mise à jour.
L'interminable absence sera de plus courte durée cette année comme j'irai rejoindre mon amoureux marcheur après seulement 7 mois de séparation. En effet, après avoir passé le mois d'avril 2005 en Égypte avec lui, je le rejoindrai de nouveau à Madrid du 15 décembre 2005 au 17 janvier 2006. Nous ne resterons pas tout un mois dans la capitale espagnole, car je rêve de visiter l'Andalousie depuis ma tendre enfance - il y a donc très longtemps - et je compte bien donner le jour à ce fantasme cette année. Nous irons aussi probablement nous promener au Portugal! Il est tout près!
Lors de notre dernière communication, le 18 août dernier, Jean profitait d'une bien jolie fête réalisée en son honneur, lors de son anniversaire de naissance et du 5e anniversaire de sa marche! Il est vrai qu'on n'a pas tous les jours « un demi-siècle »!!! Cette célébration surprise ne comptait aucun membre de sa famille, mais le village entier de Ait Hessane en Kabylie, à 8 km au sud-est de Tizi-Ouzou en Algérie. La musique Kabyle, les danses avec les enfants et les rires ont duré une bonne partie de la nuit et les dames étaient ravissantes, revêtues de leur robe traditionnelle. C'est un moment que Jean n'oubliera jamais! Un grand merci à Rabah, ses amis et sa famille pour toute cette organisation et aussi à sa sœur qui m'a fait parvenir une superbe robe traditionnelle kabyle en souvenir!
Pendant ce temps, en Équateur, plus précisément dans la Paroisse Patricia Pilar du Canton de Buena Fe, Santiago Landazury, un valeureux pompier que Jean avait rencontré lors de son passage dans cette localité, m'informe qu'ils ont créé un comité pour éduquer les jeunes sur la prévention des incendies et tout ce qui s'y rattache. Santiago informe ses jeunes élèves sur la progression de Jean en Afrique ce qui les motive et entretien leur enthousiasme.
À l'été 2001, pendant que Jean marchait en Amérique Centrale, j'avais rencontré, à mon travail, une jeune femme d'origine algérienne, Malika, qui avait immigré au Canada depuis quelques années. Par ailleurs, ses parents habitaient toujours Alger et elle m'avait alors donné leur adresse pour que Jean s'y arrête lors de son passage dans cette ville. L'éventualité était tellement éloignée que je n'y trouvais encore rien de bien excitant. La rapidité du passage du temps ne cesse de m'impressionner!!! Voilà que Malika se trouve en vacances chez ses parents à Alger durant le mois d'août dernier et Jean passe 8 jours chez Monsieur et Madame Yahia où il est reçu avec toute la sollicitude algérienne.
Jean profite de son séjour dans la capitale algérienne pour visiter ses compatriotes à l'ambassade du Canada, située tout près de la maison de ses hôtes et comme d'habitude les échanges sur le thème d'un monde meilleur sont fort intéressants, instructifs et inspirants.
Depuis quelques années, Jean éprouvait quelques problèmes avec son système urinaire et lorsqu'il était encore en Afrique centrale, il avait projeté de faire vérifier son état de santé quelque part dans le Maghreb. À Oued Rhiou, vers la mi-septembre, le frère de Malika qui est chirurgien, le réfère à son bon ami Habib qui lui, est infirmier. On lui passe des échographies et on constate que sa prostate présente des conditions qui doit être soignées et on lui conseille fortement de voir un urologue. On lui fournit les médicaments nécessaires gratuitement et de plus, il rencontre un ophtalmologiste qui lui prescrit deux paires de lunettes et les lui remet sans frais aucuns. Tout à fait incroyable, la générosité de ces Algériens!
Près de Oran, des amis le présentent à Ryad, un jeune médecin qui à son tour le présente aux urologues, les docteurs Salim et Ali qui constatent que la médication n'a pas amélioré son état. Au Centre hospitalier universitaire d'Oran, après un nouvel examen, on lui annonce qu'il doit subir une chirurgie de la prostate, et cela dans les plus brefs délais.
Revenir au Canada pour cette chirurgie compterait des frais médicaux exorbitants étant donné qu'il n'est plus couvert par l'Assurance maladie du Québec et cela en plus des frais de transport par avion. Il demande s'il est possible de subir cette opération en Algérie et c'est ainsi qu'il est pris en charge par le Professeur Attar, urologue éminent et directeur de l'hôpital d'Oran, après consultation auprès des autorités canadiennes de l'ambassade d'Alger.
L'opération, pratiquée par le Professeur Attar lui-même, réussit à merveille et le marcheur est traité avec des soins attentifs durant 15 jours de convalescence, puis il reprend la route le 19 octobre. Pendant tout ce temps, je reçois des messages rassurants de la part des médecins traitants et même des photos prises dans sa chambre d'hôpital le lendemain de l'intervention chirurgicale.
Le plus incroyable de toute cette histoire est le fait que tous les soins incluant l'hospitalisation et la chirurgie lui ont été prodigués tout à fait gratuitement! Et Jean leur disait que c'était un privilège et un honneur d'être soigné en Algérie!
Dans un courriel pendant sa convalescence, Jean m'écrit :
« J'aime beaucoup les Algériens! C'est le pays où l'hospitalité est un culte! Les Algériens sont amoureux de leurs visiteurs, de leurs invités. Ils les traitent avec une bienveillance incomparable! Ils sont parmi les hôtes les plus chaleureux que j'ai rencontrés depuis mon départ de Montréal. Ma famille s'est considérablement élargie dans ce pays où je me suis fait plusieurs centaines de frères et de sœurs! Pourtant, ils ont vécu une période terroriste très difficile qu'ils appellent « La décennie noire » et pendant laquelle ce n'était que terreur et massacres! Laissés à eux-mêmes par les autres puissances mondiales, ils ont su s'en sortir et voient maintenant la lumière! Ils en sont tellement heureux que souvent ils me disent : « S'il te plaît, apprends au monde que nous ne sommes pas des terroristes et que les étrangers sont bienvenus chez nous! »
J'ai aussi eu l'honneur de visiter des colonies de vacances où de jeunes démunis sont pris en charge par l'État pendant deux semaines durant lesquelles des moniteurs les amusent par des activités de toutes sortes, aiguisant ainsi leur imagination et leur créativité. Un bout de soleil dans leur vie! »
Sortir de ce pays pour continuer sa route vers l'ouest n'est cependant pas facile, car la frontière algéro-marocaine est fermée du côté algérien. Même en exprimant sa tristesse en rapport à ce boycottage politique envers leur voisin et en demandant de le laisser traverser, ne serait-ce que pour la symbolique de sa marche, les autorités du poste de contrôle, embarrassées et gênées lui expriment leur refus. Des amis le conduisent alors au port de Ghazaouet au bord de la Méditerranée où il embarque sur un bateau qui l'amène d'abord à Almeria sur la péninsule ibérique, puis à Melilla, enclave espagnole située sur le territoire marocain!!! De Melilla, il se rend à Oujda, ville frontière marocaine d'où il entame la traversée du Maroc comme s'il arrivait de l'Algérie à pied. C'était le 2 novembre.
Depuis son entrée au Soudan, voilà déjà un an, Jean marche dans des pays musulmans. Il pénétrait au Soudan alors que le jeûne du Ramadan commençait et maintenant que vient de se terminer de nouveau le mois du Ramadan, nous espérons que nos amis musulmans ont su passer une période de jeûne en toute spiritualité et que la journée de l'Aïd fut remplie de bonheur en compagnie des êtres chers!
À la prochaine...
Luce