Chers amis,
Le jeudi 26 mai, Jean passe sa première nuit au Manitoba! Moins que 5 mois et il arrivera à la maison, le 16 octobre! J'ai même commencé à compter les jours : le 26 mai étant numéro 143 avant Montréal. Étrangement, biffer les jours un à la fois sur le calendrier semble faire passer le temps plus rapidement! Bon! Je suppose que je m'accroche à tout et n'importe quoi qui a à faire avec le retour!
Moins qu'un mois auparavant, je vous contais que la température devenait plus clémente et que Jean avait commencé à se vêtir plus légèrement... c'était trop tôt! Un jour ou deux plus tard, il a dû revenir aux vêtements d'hiver... la pluie verglaçante est même pire que la neige...
À part le vacarme du trafic routier, la marche dans la Saskatchewan méridionale est assez paisible. Des prairies sans fin et des petits villages disséminés ça et là, mais les gens sont chaleureux et accueillants. Ses deux pieds sont un désastre total, mais il est impossible d'abandonner maintenant!
Le panorama n'est pas très excitant. Des élévateurs à grain, l'eau qui quitte lentement les champs de blé qui attendent les labours d'abord et les semailles ensuite. Swift Current, Moose Jaw et Regina sont les villes les plus importantes le long de la route.
À mi-chemin...
Le 9 juin, en fin d'après-midi, Jean fait ses premiers pas dans la ville de Winnipeg, arborant un sourire qui s'étend d'une oreille à l'autre. Il a toutes les raisons d'être si heureux puisqu'il a maintenant marché la moitié de la distance jusqu'à Montréal. Me croirez-vous si je vous affirme que je souris aussi?
Mercedes Mulaire et quelques amis accompagnent son entrée dans la cité. Mercedes est la personne-ressource qui organise le séjour de Jean à Winnipeg et elle fait un excellent travail. Elle nous a fait parvenir un calendrier détaillé des événements, entrevues et activités qui occuperont Jean pendant les 5 jours qu'il passera dans la capitale manitobaine ainsi que les endroits où il passera ses nuits.
Winnipeg est renommé pour son hospitalité et Jean s'y plaira certainement beaucoup durant son séjour. De plus, comme la météo a finalement compris que l'été arrive et que les routes sont dorénavant presque intolérablement plates, le marcheur a encore davantage de raisons de se réjouir.
Au revoir Manitoba, Bonjour Ontario!
À Winnipeg, l'agenda de Jean s'est trouvé assez bien rempli du 10 au 14 juin. Rencontre avec des étudiants dans quelques écoles, entrevues avec les médias et autres rendez-vous avec des membres de diverses associations. Il quitte cette cité bienveillante le 15 au matin, mais ne marche qu'une centaine de kilomètres avant d'y être ramené en voiture le 18 pour participer aux activités organisées par le « Peace Alliance », soit le 1er festival international pour la paix et la 30e marche annuelle de paix.
La journée s'est déroulé dans un climat de joie pour tous les participants, petits et grands, les casse-croutes, la musique et les divertissements variés faisant le bonheur de tous. Il y a eu, bien sûr, la traditionnelle « Marche pour la Paix » pendant laquelle Jean trempait dans son élément.
Après la journée, il avait l'intention de retourner immédiatement sur ses derniers pas pour continuer son périple quand on l'a informé qu'un rendez-vous qu'il avait vivement souhaité s'est avéré confirmé. Il a donc allongé son séjour à Winnipeg jusqu'au lundi 20 juin où il a eu l'honneur de rencontrer M. Lloyd Axworthy, politicien, homme d'État, philanthrope, et partisan de paix bien connu des Canadiens. Le sujet de leur entretien était, bien entendu, la paix.
Jean est passé du Manitoba à l'Ontario le 22 juin, jour nº 116 avant son arrivée à Montréal, le 16 octobre! Les membres du CDPI (Canadian Department for Peace Initiative) sont déjà à l'œuvre pour organiser les célébrations et événements qui souligneront le passage du marcheur dans les régions de Hamilton, Toronto et Ottawa. Quand les calendriers des activités seront prêts, nous les publierons sur DERNIÈRES NOUVELLES de manière à ce que tous puissent en prendre connaissance et y participer.
Thunder Bay
Le 8 juillet, le centième jour avant Montréal, Jean arrive à Thunder Bay tard en soirée. Même s'il a l'air d'un « coureur des bois » ne s'étant pas rasé ni douché depuis quelques jours, il est accueilli avec bienveillance par le personnel de l'hôtel VICTORIA INN sur la rue Arthur.
À part Kenora et Dryden, les 600 kilomètres entre la frontière de l'Ontario et la première grande ville, Thunder Bay, ne sont pas très populeux. C'est une terre sauvage parsemée d'une multitude de lacs posés comme des pierres précieuses sur un fond de verdure et habitée par les Tabanidaes communément appelées « mouches à chevreuil » ou « frappe-à-bord », les ours, les orignaux et toutes sortes de petits animaux. Tout comme les Canadiens qui l'ont accueilli chaleureusement depuis le début de son périple depuis Vancouver, les habitants des forêts sont heureux de le voir aussi. Il doit cependant prendre certaines précautions pour assurer sa sécurité et celle de son garde-manger.
On l'avait averti de ne pas garder de nourriture avec lui dans sa tente à moins qu'il ne souhaite la visite de maman-ourse et de ses petits... Soucieux de suivre ce conseil, il attache alors un sac contenant sa nourriture à la branche d'un arbre et peut ensuite dormir en paix. Bien sûr, la branche de l'arbre est assez haute et petite qu'un ours ne peut atteindre le précieux sac, mais il en est différent pour les écureuils! Le matin, au réveil, il est bien déçu de constater que sa réserve de noix et d'arachides est considérablement réduite et les écureuils joufflus sont heureux d'avoir ajouté à leurs provisions d'hiver!
Dans un effort pour joindre au plus tôt la civilisation, les repas réguliers et les douches rafraichissantes, il a marché durant de longues heures et parcouru une grande distance chaque jour. C'est pourquoi il est fatigué lors de son arrivée à Thunder Bay. On en prend cependant grand soin et son niveau d'énergie devrait revenir à la normale dans quelques jours quand il reprendra la route.
Sault Sainte Marie
Les 3 dernières semaines ont été assez difficiles pour le marcheur, mais aussi pour moi-même. Nous étions dans l'erreur quand nous pensions qu'après Thunder Bay, l'isolement et les routes solitaires étaient quelque chose du passé. Pire! Il semblait que les terres sauvages et inhabitées s'étendaient à l'infini! Près de 700 km avec quelques villages dispersés et autant de Parcs Provinciaux d'une grande étendue et couverts d'arbres et de lacs. Heureusement, certains offraient des « terrains de camping ».
En réalité, le plus difficile était que nos communications se faisaient bien rares : pas de signal sur le téléphone cellulaire de Jean quoiqu'il m'ait téléphoné à quelques reprises quand il pouvait avoir accès à une cabine téléphonique m'informant ainsi de l'endroit où il se trouvait. Je vivais à peu près la même situation qu'un an et demi auparavant lors de sa traversée du désert australien : pas de nouvelle et par conséquent beaucoup d'inquiétude.
Le 2 août en soirée, le 75e jour avant l'arrivée à la maison, Jean atteint finalement Sault-Sainte-Marie où il était attendu avec impatience à l'hôtel Algoma's Water Tower Inn. Il est accueilli avec jubilation par le propriétaire de l'hôtel, M. J. J. Hilsinger accompagné de son personnel. Jean profitera de cet accueil chaleureux pendant quelques jours pour se reposer un peu puisque les longues journées de marche des dernières semaines l'ont laissé fatigué et amaigri. Il profitera aussi de ce séjour réparateur pour se mettre à jour dans ses courriels et prendre connaissance des activités et festivités qui s'organisent pour son passage dans les régions de Toronto et d'Ottawa.
Le 31 juillet, Jean célèbre son 4,000e jour sur la route! Les amis Renée et Henry qu'il a rencontrés sur le chemin quelques heures auparavant partagent son enthousiasme!
Incroyable! Il ne reste qu'un peu plus de 2 mois et quelque 1,300 km avant le retour du marcheur au bercail! Ce n'est qu'une infime portion des 75,000 km projetés... moins que 2% en fait!
Je me demande bien où, comment et avec qui Jean célébrera son 56e anniversaire de naissance et le 11e de sa marche, le 18 août... Une chose dont je suis certaine c'est que ce sera sans aucun doute plus près que la dernière célébration du même type... celle-là s'est passée à Yarram en Australie!
À la prochaine...
Luce