Très chers amis!
Aux dernières nouvelles, nous avons laissé notre marcheur passant la frontière de l'Inde pour la seconde fois. Il projette une quarantaine de jours de marche dans ce pays pour se rendre le plus près possible de la frontière de la Chine, dans l'état d'Arunachal Pradesh, à l'extrême Est de l'Inde.
Après 7 jours sans nouvelles, dès son entrée dans l'état de l'Assam, il m'écrit : « Je suis entré dans l'Assam sans aucune difficulté. Juste avant d'y arriver je pensais bien être refoulé à la frontière et devoir retourner à Katmandu pour prendre l'avion pour la Chine. Mais j'ai été accueilli avec beaucoup de bienveillance. Les autorités de cet État ont décidé de me prendre en charge complète pour toute la durée de sa traversée. Nuits et jours, j'ai avec moi 4 policiers armés jusqu'aux dents! De plus, ils sont bien sympathiques et contents d'assurer ma sécurité! »
L'Assam est une région qui n'est pas visitée par les touristes. Certaines personnes adultes n'ont même jamais vu un étranger. Aussitôt qu'il arrive dans une ville ou un village, les gens se rassemblent pour lui souhaiter la bienvenue et toutes ces manifestations sont bien touchantes, mais tiennent le marcheur tellement occupé que parfois, il n'avance que d'une vingtaine de kilomètres par jour!
La température est tropicale et ses pieds enfermés dans les bottes de marche que je lui avais apportées lors de notre dernière rencontre souffrent de la chaleur et de l'humidité. Heureusement, il trouve l'unique paire de sandales de son format ce qui rend ses « orteils bienheureux »!
À Bokakhat, une petite ville située près du Parc national Kaziranga, Jean est reçu en grande pompe et on lui fait un don de mille roupies pour l'encourager dans son périple. Il est aussi invité à visiter le Parc, site de préservation des rhinocéros d'Asie à une corne.
Après quelques tentatives pour obtenir le permis nécessaire pour entrer dans l'État d'Arunachal Pradesh, celui-ci lui est refusé pour des raisons de sécurité à Dum Doma, dernière ville avant la frontière et il rebrousse chemin. Pas facile de passer en Chine par voie terrestre par les temps qui courent... De retour à Tinsukia en Assam, le 7 mai, il monte à bord du train qui le ramènera à la frontière du Népal d'où il montera dans un autobus en direction de Katmandu.
Contraint de passer par-dessus le Tibet, le 10 mai, il achète son billet d'avion pour Chengdu en Chine et le départ est prévu le mardi 13 mai... Le monde entier a été désolé d'apprendre l'effroyable tremblement de Terre qui s'est produit le 12 mai dans la province du Sichuan, en Chine et dont l'épicentre n'était qu'à une centaine de kilomètres de Chengdu. Plus de 80, 000 morts et disparus, d'innombrables blessés, des centaines d'orphelins... nos plus nobles pensées les accompagnent.
Le vol a été remis au samedi suivant, le 17 mai parce que l'aéroport de Chengdu avait été réquisitionné pour les urgences et l'aide humanitaire. Le séjour supplémentaire à Katmandu ainsi que les repas sont assumés par Air China et Jean en profite pour continuer l'exploration de la ville. Il en profite aussi pour se munir de chaussures, car il doute qu'il trouve chaussure à son pied en Chine... après presque 8 ans de marche, il semble que ses pieds ont allongé...
Le 17 mai en soirée, heure de Chine, il m'écrit que le vol s'est bien passé, qu'ils sont arrêtés à Lhassa pour une vérification complète que les agents portuaires de Chengdu seront exemptés de compléter. Dès le lendemain, il se rend au poste de police pour demander des informations sur la route qu'il a projetée vers Xi'an et on lui conseille fortement d'éviter ce chemin, car il a été gravement endommagé par le puissant séisme et qu'il y a pénurie de nourriture et d'eau potable.
C'est ainsi qu'il dévie sa voie vers Shanghai ou il prévoit arriver dans 3 mois, juste le temps nécessaire pour couvrir son visa de 30 jours et les 2 renouvellements qui lui seront probablement accordés.
Les premiers jours de marche en Chine sont peu éloignés de l'occurrence du séisme et des secousses se font encore sentir. Le 23 mai, il m'écrit :
« Malgré le deuil national et les nombreuses préoccupations du peuple suite à ce terrible cataclysme, les gens sont incroyables. Ils veulent m'aider de quelque manière que ce soit et ils sont heureux de voir cet étranger. Il ne faut pas t'inquiéter, il ne peut rien m'arriver de mal ici. Je n'ai jamais vu un peuple si respectueux et éduqué! Ils n'ont pas une attitude dramatique, ils aiment l'humour et sont vifs d'esprit! Le seul problème est la communication, mais j'arrive à me débrouiller. Je m'habitue à manger avec des bâtonnets... »
Et le 25, il écrit de Suining :
« Tout va bien! Les Chinois sont admirables! Au moindre de mes désirs, ils s'empressent de me venir en aide. Quand ils m'aperçoivent, ils me regardent avec un visage dénué de toute expression. Alors, je m'exclame : Nihao ce qui signifie allô et ils affichent alors un immense sourire. Ils trouvent que j'ai de grands yeux et je leur réponds que nous considérons que leurs yeux sont petits... cela déclenche inévitablement une explosion de rires!!! Les enfants sont adorables et ils ne peuvent s'empêcher de toucher les poils de mes bras! Toutes les villes sont en construction, les boulevards sont comme des pistes d'atterrissage et une ville comme Montréal aurait l'air d'un village ici! Partout, c'est très propre. En campagne, les rangs de culture sont plantés en ordre parfait! »
Une fois de plus, les jambes du marcheur sont mises à l'épreuve. Il traverse une région montagneuse et les paysages sont magnifiques, mais les efforts sont difficiles. Le 10 juin, il arrive à Lichuan où Jeff et Charlene qui habitent Shenzhen, dans l'Est du pays et qui sont en visite chez la famille lui apportent une aide considérable pour le renouvellement de son visa et la promotion de sa marche.
Le 15 juin, une famille chinoise lui fait cadeau d'un appel téléphonique à Montréal! Il me semble qu'il y a des siècles que je n'ai pas entendu la voix de mon héros! En arrière-plan, j'entendais les exclamations excitées de la famille, en mandarin!
Jean s'émerveille de voir combien les Chinois aiment les enfants. À les voir s'occuper d'eux avec empressement, ils sont des trésors pour leurs parents.
Tout près de Yichang, le terrain devient plat... enfin... et Jean traverse le YANG-TSE pour la seconde fois.
Il arrive à Wuhan, la capitale de la province de Hubei, le 3 juillet. Il en est aux deux tiers de son parcours total en Chine. Son rythme est donc adéquat et il devrait arriver à Shanghai à temps. Un des principaux sujets de notre correspondance est celui de notre prochaine rencontre... Il n'est pas facile d'évaluer un endroit et un temps qui soient compatibles aux activités des deux... Mais après quelques tentatives, nous pensons bien qu'une rencontre à Taiwan entre le 15 décembre et le 7 janvier ferait l'affaire et le bonheur de chacun de nous...
Tout en marchant, Jean entend parler que le nombre 8 est un chiffre porte-bonheur ou bénéfique dans la culture chinoise. On lui a dit que les Jeux Olympiques de Pékin débuteront officiellement le 8 août 2008 (8/8/2008) à 8 :08 : 08 pm très précisément. Étrangement, ce chiffre présente aussi quelques coïncidences avec la marche de Jean cette année : le 18/08/2008, Jean célébrera le 8e anniversaire de sa marche et son 53e (5+3=8) anniversaire de naissance. Si on compte le Canada à son départ, Jean marche actuellement dans le 53e pays et quand il arrivera à Shanghai, il sera tout près sinon rendu à 53,000 km de marche...
Les coïncidences sont quelquefois étranges... Que l'esprit olympique l'emporte! Qu'il élève notre conscience! Paix et Fraternité pour petits et grands!
À la prochaine...
Luce