Le 17 novembre, Jean laisse les Schumann sans trop de gaieté de cœur. La température est très froide ce qui n'est guère la coutume à cette latitude. Chris lui a donné des bas "thermos" et des gants et, croyez-moi, ils sont vraiment appréciés. J'ai moi-même vérifié la température pour l'Alabama sur le Net et croyez-le ou non, il y a des nuits qui ont été plus froides là-bas qu'à Montréal!!!
Prochain arrêt : Montevallo, Alabama, où il arrive le 17 tard l'après-midi. Je pensais à lui, lui souhaitant un endroit chaud et sec pour dormir cette nuit-là. Il pleuvait tellement fort qu'il n'osait pas ouvrir la toile de son carrosse pour sortir la tente de peur de mouiller toutes ses affaires. Finalement, il a décidé de coucher sous un pont où il était au sec mais pas nécessairement au chaud...
Le 18, je reçois un courriel de Christie Johnson, de Montevallo. Elle a rencontré Jean, à son travail, dans un magasin. Elle dit que Jean est incroyablement en forme même si la température est détestable. Elle a offert de lui préparer un souper mais il a décliné prétextant qu'il fallait qu'il avance.
Ces gens qui m'écrivent pour me donner des nouvelles me font vraiment plaisir. Avec ces courriels, j'ai l'impression d'être en contact avec Jean constamment.
Jean continue à marcher vers Selma où il arrive le 21 novembre. Les 18, 19 et 20, il dort dans sa tente. Le 20, je reçois un autre courriel de Josh Chapelle qui m'écrit pour me dire que Jean est OK. Jean est arrêté chez sa mère et sa tante pour demander de l'eau et après l'avoir écouté parler de son voyage, lui ont donné de l'eau et de l'argent. Aussitôt que Jean est parti, elles ont téléphoné à Josh pour qu'il m'écrive et m'avise que tout va bien.
Le 20 novembre, le journal "Birmingham News" publie un article sur Jean. Vous pouvez lire la version "Internet" sur le site (en anglais). Lorsqu'un journal publie un article sur lui, Jean m'explique que cela provoque beaucoup de retombées. Tout le monde le reconnaît sur la route, lui font des signes de la main, klaxonnent ou tout simplement arrêtent au bord de la chaussée pour lui parler. Le 21 au matin, une voiture arrête près de lui et un homme lui donne une boite. Jean l'ouvre pour y trouver un déjeuner complet : œufs, bacon, toasts et du bon café chaud. Il s'est tout simplement assis au bord de la route pour le déguster.
Quand Jean arrive à Selma, il a grandement besoin d'une douche. Il s'arrête au Poste de Police où un gentil policier le réfère à l'Armée du Salut qui lui paie une chambre dans un petit hôtel. Un lit chaud et sec après une bonne douche chaude... Rien n'est plus merveilleux!!! Ou presque!!!
C'est ce qu'il me dit, le soir, au téléphone. Son voyage a cet effet positif sur lui qu'il lui fait apprécier toutes ces petites choses... Le lendemain, il prend son temps avant de partir, il écrit son journal et réarrange son carrosse. Ensuite, il se rend à une bibliothèque pour prendre ses courriels et reprend la route.
Personne n'ignore que la fête de l'Action de Grâce au États Unis est très célébrée. C'est une fête de famille et toute la parenté s'assemble autour d'une table bien garnie afin de rendre grâce pour les bienfaits reçus. Je me demandais comment Jean passerais à travers cette fête, Continuerait-il sa marche sans se rendre compte des célébrations ? Eh ! bien non, figurez-vous qu'il y a participé.
Jeudi, le 23, vers 22:00, je reçois un courriel de Wes Cahoon, de Selma, Alabama :
"Chère Luce
Aujourd'hui, Jour de l'Action de Grâce, ma famille et moi allions chez mes parents pour la célébration quand nous avons dépassé Jean sur la route, à environ 15 milles de Selma. Nous habitons à Selma et mes parents habitent dans le petit village de Safford. Mon épouse, Sheridan a mentionné que " il ne semble avoir personne avec qui célébrer la fête, nous devrions l'inviter à manger avec nous." Ainsi, après avoir déposé Sheridan chez mes parents, mon oncle et moi sommes retournés parler à Jean. Je l'ai invité à s'arrêter chez mes parents et à dîner avec nous. Il était environ à 2 milles de la maison de mes parents. Il a accepté et nous a dit qu'il serait là dans environ une heure. Nous sommes revenus à sa rencontre, à pied, mon oncle et moi, juste avant qu'il atteigne la maison. J'ai même poussé son carrosse pendant que nous marchions et parlions. Arrivés à la maison, il a rencontré mon épouse, Sheridan, nos 2 filles, LeeAnn et Lesley, mes parents, Roddy et Frankie Cahoon, ma sœur et son mari, Katie et Chris Godbold et leur fils, Cole, mon oncle et ma tante, Ken et Janice Acton, ma grand-mère Ruth Acton et ma tante Beth Acton.
Jean nous a montré des photos de toi et de ses enfants. Il semblait très fier. Nous avions beaucoup de nourriture sur la table et Jean a mangé tout le contenu de son assiette. Il était affamé... Il a goûté des choses qu'il ne connaissait pas telle qu'une casserole de patates sucrées ainsi que la farce de la dinde. Nous nous sommes ensuite cotisés et lui avons remis environ 80$ pour son voyage. Il s'est montré d'une grande délicatesse et les larmes lui ont monté aux yeux. Il semble avoir beaucoup de cœur. Avant qu'il parte, nous avons pris des photos avec lui et toute la famille. Je t'en enverrai une. Je t'écris pour te dire que nous avons pris bien soin de lui et le simple fait de le rencontrer a semblé ensoleiller la journée de tout le monde. Nous lui souhaitons ce qu'il y a de mieux et nous sommes certains que ses besoins seront comblés dans le futur. "
Après avoir lu ce courriel, j'en avais moi-même les larmes aux yeux.
Plus tard, au téléphone, Jean me disait que la casserole de patates sucrées était une recette que je devrais ajouter à mon répertoire. De retour sur la route, le même jour, il y a eu au moins 4 personnes qui sont arrêtées pour lui donner de la nourriture. Il a mangé comme jamais, ce jour-là et avec son "bedon" bien plein, il n'a pas trop commenté sa nuit sous un pont.
À la semaine prochaine...
Luce
P.S. Si vous désirez lire les originaux des courriels que j'ai reçus, ils sont sur les « Newsletters » en anglais.