La dernière fois, nous avions laissé Jean à Veracruz. Il a été très bien reçu dans cette ville et a eu une excellente couverture de la part des médias d'information. Le 26 avril, tard dans la soirée, il m'envoie un courriel m'annonçant qu'il prendra l'autobus pour Mexico très tôt, samedi le 28 et me charge de lui trouver un endroit où loger dans la capitale du Mexique. Il dit bien avoir quelques ressources mais elles sont éloignées du centre ville où il préfère loger. Il doit avoir une réponse vendredi après-midi, au plus tard...
Je passe la journée de vendredi sur Internet, avisant tous mes contacts... À 16:00 tout est arrangé... Le Québec a une importante "Délégation" à Mexico et le Délégué général, Monsieur Pierre Baillargeon, a profité d'une réunion avec les employés du bureau pour annoncer la requête de Jean. Un des participants à la réunion, Monsieur Michel Grégoire, devant voyager au Québec pour la semaine suivante, a gracieusement offert son appartement à Jean. Quelle gentillesse ! Et quelle chance pour Jean !
Jean demeure à Mexico toute la semaine. Il visite la Délégation du Québec, l'Ambassade du Canada où il récupère son courrier et est très occupé par des entrevues avec les journalistes. Sa mère et moi avons pu lui téléphoner à son chic appartement. C'était super ! Il a même essayé de m'impressionner en me parlant en espagnol... Je pense qu'il a appris l'espagnol beaucoup plus rapidement que l'anglais.
Le 5 mai, il reprend l'autobus en sens inverse et revient à Veracruz pour se diriger vers le sud. Les prochains arrêts sont : Santiago Tuxtla, près du volcan St-Martin, San Andrés, Minatitlan, suivi de Cardenas. Partout, le paysage est à vous couper le souffle et les gens chaleureux et accueillants.
Pendant ce temps-là, je me creusais les méninges à essayer de trouver une alternative au fait que je ne pouvais me permettre de le visiter cet été... C'est alors que Thomas-Eric, 21 ans, le fils de Jean, a décidé de passer ses premières vacances de travailleur avec son père. Il a acheté son billet d'avion le 24 mai, en après-midi, s'est ensuite rendu directement chez moi où nous avons scanné son billet pour l'envoyer à Jean. Nous étions tous les trois très excités... Ils doivent se rencontrer à San José, Costa Rica, le 17 août. Le lendemain, ils célébreront le 46e anniversaire de Jean et le 1er anniversaire de son départ !
À Villahermosa, Jean écrit : " C'est une ville magnifique ! À mon arrivée, je suis allé demander un endroit où rester à la cathédrale. Ils m'ont payé 2 nuits dans un hôtel. Le lendemain, je suis allé déjeuner dans un comptoir-lunch et le propriétaire, Ciprian, m'a offert mon repas. Il m'a ensuite introduit aux médias : 2 journaux, plus une entrevue télévisée en direct dans une émission de jeunes. C'était bien agréable ! Ciprian m'a aussi offert d'habiter avec lui et sa famille durant mon séjour. Nous avons beaucoup discuté de philosophie et de choses spirituelles. Il était bouleversé par l'histoire de mon voyage, de notre amour à distance, de l'appui inconditionnel de ma famille. Ce matin, j'ai eu une entrevue d'une quinzaine de minutes avec TéléAzteca, la plus importante chaîne du Mexique. Ce sera traduit en espagnol et diffusé à travers tout le pays. C'était une entrevue du genre intime, un peu comme un dialogue entre bons amis."
Après lui avoir envoyé un courriel dans lequel je me plaignais de fatigue et de ma hâte à prendre ma retraite, il écrit ceci : "Les derniers pas sont toujours très longs et difficiles avant d'atteindre un objectif que l'on s'est fixé depuis longtemps. On se sent vieux et épuisé. Après, ce non-sens prend tout son sens et la jeunesse revient. Ce n'est pas une question de chiffre ou d'âge chronologique. C'est le même mal, jeune ou vieux ! J'ai rencontré un petit garçon, José-Luis, 9 ans. Après avoir coupé du foin, à la machette, dans le fossé, il poussait péniblement sa grosse brouette, pleine de ce foin, sur 3 Km, nu-pieds sur l'asphalte brûlante, pour nourrir le mulet. Ceci à tous les jours et sa journée n'était pas finie... Son travail est démesuré pour son âge et sa taille ! Je lui ai parlé tendrement mais il n'avait pas du tout envie de rire. Son visage en sueur, ses yeux vides d'expression et surtout son silence en faisait un vieil homme. Toi, tu as l'avantage d'une retraite ou d'un changement de vie bientôt, lui, on lui a volé sa jeunesse !"
Ce soir-là, je me suis couchée, les larmes aux yeux, remerciant Dieu des bienfaits dont je jouis !
Jean n'avait pas prévu passer par Palenque qui est un des sites archéologiques les plus importants au Mexique, mais on l'a avisé que c'était la meilleure route à prendre. À Palenque, on l'a traité comme un prince... C'est un endroit paradisiaque, dit-il. Il a parcouru environ 6000 Km, soit 7% du trajet total prévu.
Le 11 juin, il m'écrit : "Je suis à Comitan, à 2 jours de marche de la frontière du Guatemala. Youppi ! Je crois que j'ai passé la semaine la plus riche en aventure et émotion... C'est très beau les montagnes de la Sierra Norte du Chiapas. C'est un paradis caché, de la pure poésie de la nature!!! En quittant Palenque, j'ai marché en montant pendant un jour et demi. De temps en temps, les gens me disaient qu'il y avait du danger un peu plus loin (agressions, vols, disparitions) finalement, ils m'ont eu ! Quand 15 personnes te disent la même chose et que la 16e te le dit avec la voix qui tremble, tu prends un moyen de transport... Oublie la marche pour un moment ! De Agua Azul à Ocosingo, je me suis évité une journée de marche dans le danger ! Puis après, c'était tout le contraire, les gens sont pleins d'amour, heureux et très respectueux. Au passage, ils me saluaient poliment, avec leur beau sourire ! Je suis passé par une région indigène très isolée. Les gens n'ont pas la TV. Ils portent des vêtements avec de la fine broderie. Il ne fallait pas que je les salue comme je le fais d'habitude. Ils sont très timides. Si je les regardais, ils ne me regardaient pas et vice versa. Je devais les approcher sans brusquerie. Finalement, le village se ramassait autour de moi pendant que je parlais à leur chef qui leur traduisait notre conversation dans leur dialecte. C'était une situation étrange mais agréable, une vibration, jusqu'ici inconnue de moi."
Jean quitte Comitan samedi, le 16 juin et devrait traverser la frontière du Guatemala lundi, le 18 juin.
Dernière nouvelle mais non la moindre ! La compagnie de chaussures H.H.Brown a gracieusement offert de commanditer les chaussures de Jean durant tout son périple ! Deux paires de chaussures l'attendent à l'Ambassade du Canada, à Guatemala. En attendant de faire une page de commanditaires sur le site web de Jean, voici l'adresse de leur site web.
http://www.hhbrown.com/html/canada.html
Explorez-la ! Vous pourrez y constater que Jean ne sera pas un "Va-nu-pieds!"
À la prochaine...
Luce